Ce jeudi 6 juin, plus de 150 salariés et sympathisants réunis à l’appel des syndicats CGT et SUD-PTT étaient mobilisés devant le centre de tri de Lempdes. Les salariés du site souhaitaient faire entendre leur mécontentement à la suite de l’annonce de l’arrêt de l’activité de tri au centre postal de Lempdes.
C’est une annonce qui a mis le feu aux poudres. Le 18 mars, Patrick Moulène, directeur opérationnel Auvergne-Sud pour La Poste, annonçait au député André Chassaigne la mise en place d’un nouveau schéma industriel et logistique de l’activité de la PIC (Plate-formes Industrielle du Courrier) située à Lempdes. En clair, l’activité du site qui compte 242 employés sera délocalisée à Montpellier, Bordeaux et Lyon. Les salariés syndiqués de la PIC de Lempdes avaient effectué une première manifestation le 10 octobre 2023 en revendiquant de meilleures conditions de travail et une revalorisation des salaires. Cette annonce a donc abouti à une seconde manifestation pour contester l’arrêt de l’activité de tri à Lempdes.
Un futur incertain pour les salariés
Dans cette manifestation calme au premier abord, paraît pourtant une colère certaine chez les militants. « Nous ressentons un grand désarroi et une incompréhension totale » fustige Fabienne Dupin, secrétaire régional du syndicat SUD-PTT avant de poursuivre « on a toujours travaillé ici, on a jamais été laissé cinq minutes sans rien faire » alors que la baisse de l’activité du site, de 21 % en trois ans, est un des arguments utilisés par La Poste pour justifier cette relocalisation. Christophe Tartiere, responsable de section CGT affirme pour sa part que « l’emploi baisse plus vite que le courrier ». Le groupe postier promet qu’il n’y aura pas de licenciement et que les salariés pourront suivre l’activité postale à Bordeaux, Montpellier et Lyon. « Le travail ne disparaît pas, il s’en va ailleurs ! » houspille donc Fabienne Dupin avant d’ajouter « nous ne sommes pas licenciés mais ce qu’ils [La Poste] proposent est inacceptable ». La Poste offre toutefois la possibilité aux salariés de travailler à la distribution dans la région. « On ne démolit pas le métier de facteur, mais c’est un métier tellement dur » confie Fabienne Dupin. Une proposition qui ne convainc donc pas, d’autant plus que « sur les 150 personnes menacées, il y en a un tiers en restriction d’aptitude » confie Christophe Tartiere, un tiers qui ne peut alors pas envisager ce changement de poste.
« La casse du service public »
Cette relocalisation de l’activité postale s’inscrit dans une logique que La Poste met en œuvre depuis quelques années. Alors que l’on comptait 55 PIC il y a 10 ans, on en dénombre aujourd’hui plus que 22 et ce chiffre pourrait bien descendre à 9. Après Caen, Valence, Poitier ou encore Strasbourg, c’est au tour de la PIC de Lempdes de passer à la casserole mais cela est impossible à avaler pour les syndicats. « C’est une continuité de la casse du service public » déplore Christophe Tartiere, responsable de section CGT. Une casse matérialisée par la disparition progressive des différents services postaux des environs. A Clermont-Ferrand, les bureaux de poste de Delille, de la plaine et de Lafayette ont fermé et une réduction de l’activité au bureau de Croix de Neyrat a été actée. Le député PCF André Chassaigne en profite pour rappeler l’époque où La Poste offrait un service de proximité. Un service qui fuit désormais la ruralité en raison selon lui des « intérêts financiers d’un service public qui n’en est plus un ».
Un greenwashing de La Poste ?
Outre la baisse d’activité, l’aspect écologique fait également partie des arguments énoncés pour justifier la relocalisation du tri du courrier. Pour Christophe Tartiere, il s’agit plutôt d’un « désastre écologique ». Cette relocalisation aura effectivement pour effet de rajouter des camions de transports et d’allonger les délais postaux. Une aberration alors même que le transport routier de marchandise représente 7,2 % des émissions de CO2 en France. La Poste qui était pourtant précurseure en termes d’écologie, avec notamment une mise à l’électrique, est depuis quelques années critiquée sur cet aspect notamment depuis la disparition des trains postaux en 2015.
Lucas Lemercier